Les Cellules buissonnières, de Lise Barnéoud, aborde le sujet des « microchimères », ces cellules qui appartiennent à d’autres que nous mais qui peuvent se retrouver dans notre corps.
Immunité et reconnaissance de soi : pas si simple
Cela bouscule toute les idées reçues sur l’immunité et la reconnaissance de soi. En effet , pour que ces cellules subsistent dans notre organisme, il faut que notre immunité les accepte, les tolère, sans les rejeter ni les détruire. Bien sûr, il y a des cas où cela ne se passe pas au mieux, avec une lutte interne qui ressemble aux maladies auto-immunes. Le responsable ne serait pas alors l’agression de notre immunité contre notre propre corps mais l’agression des cellules d’un autre corps provoquant une réponse immunitaire de notre part.
La recherche rejoint la philosophie médicale chinoise
Ce livre met en lumière également la présence en nous de cellules appartenant à nos aïeux et, pour les femmes, à leurs descendants, même après avoir accouché. Ce sujet, particulièrement, nous renvoie à cette vision non linéaire du temps en philosophie médicale chinoise pour laquelle les ancêtres et les descendants sont déjà présents ou encore présents en nous. Ces recherches le matérialisent concrètement. Et ce n’est que le début. Bref, ce livre est passionnant et en plus très bien écrit !
Quel bémol ?
J’y trouve un seul bémol : une dérive sur un discours politique qui n’a pas sa place ici. Car passer de l’échelle cellulaire à l’échelle sociale pour arriver à faire dire à des constats biologiques ce que l’on désire entendre, c’est un biais cognitif dommageable au discours.
Les Cellules buissonnières, de Lise Barnéoud,
Éditions Premier parallèle, 208 pages, 19 euros